Forum International 2019

Urgences démographiques & urgences écologiques :

Quels urbanismes de transition ?

Le projet porté par l’ONG Urbanistes du Monde et Urbanistes de Transition vise à parrainer des étudiant.e.s et jeunes professionnel.le.s en urbanisme. Grâce à leur travail d’enquêtes de terrain dans une quinzaine de villes, ils/elles ont recueilli des observations et des témoignages sur les initiatives qu’elles mettent en œuvre pour faire face aux urgences écologiques et démographiques. Ces enquêtes d’un mois ont eu lieu au cours de l’été 2019 et donnent lieu à la rédaction de rapports et d’une synthèse comparative. Ces éléments seront présentés au cours d’un Forum international le 11 Octobre 2019 au Palais du Luxembourg.

Vous pouvez dès à présent vous inscrire gratuitement en vous rendant sur la page Eventbrite de l’évènement via le bouton ci-dessous. ATTENTION ! Il est nécessaire de se munir d’une pièce d’identité pour passer le contrôle de sécurité à l’entrée.

Pour vous inscrire au Forum, cliquez ici

 


Contexte

La planète est marquée par une double urgence, démographique et écologique, s’alimentant l’une l’autre.
On sait, de façon à peu près sûre, qu’en 2050, 70% de la population mondiale sera citadine et que l’essentiel de la croissance à venir (passer de 50% aujourd’hui à 70% demain, soit environ 1,4 milliards de nouveaux urbains en moins de 40 ans) se fera dans les grandes métropoles des pays du Sud. Cela signifie que pour chaque métropole de 20 millions d’habitants, soit une vingtaine dans le monde, une croissance de 5% équivaudra à 1 million d’habitants supplémentaires PAR AN ! Pour une métropole de 10 millions d’habitants, 2% de croissance correspondra à une augmentation de 200.000 habitants. Cependant, la situation ne sera pas uniforme, le Nord devant faire face notamment à un important phénomène de vieillissement de la population. La question se pose alors. Où et comment les accueillir ?

L’écosystème planétaire est déréglé avec un réchauffement climatique en cours, une raréfaction des ressources et une forte érosion de la biodiversité, et ce donc dans une logique de sollicitation croissante induite par les évolutions démographiques. Or, ce sont notamment les services écosystémiques qui garantissent la santé des populations dans son acception la plus large : « un état de complet bien-être physique, mental et social, (ne consistant) pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » (OMS, juin 1946).

Les crises de tous ordres, dont environnementales, mettent les populations en mouvement de manière locale, régionale ou transfrontalière. Les flux vers les villes deviennent de fait toujours plus importants, nécessitant aux organisations locales et nationales d’apporter des réponses. Face à cette double urgence, le but de ce projet est de questionner ce que peuvent faire les villes, d’éclairer les possibles modèles de transition, tant du point de vue social, que du point de la forme urbaine.

 

Problématiques abordées

Quelle(s) transition(s) ? Explorer des modèles sociaux, économiques, politiques et culturels alternatifs

Le vocable de transition a émergé dans le contexte de la conférence Rio+20, deux décennies donc après que la conférence de Rio ait mis à l’agenda urbain global l’impératif d’un développement durable. La notion de transition comporte une vision plus radicale, laissant entrevoir la nécessité d’un changement de modèle urbain. Les villes en transition s’interrogent sur l’interdépendance qu’elles entretiennent avec leur environnement dans un contexte de mutation démographique, de changement climatique, de fragilisation des ressources et d’érosion de la biodiversité. Elles sont amenées à repenser leurs politiques et pratiques locales, en s’appuyant sur la population.

Cependant, la notion de transition laisse place à de multiples interprétations et approches distinctes. Les enquêtes de terrain s’attacheront donc à mettre au jour la manière dont les acteurs urbains envisagent leur transition, au vu des défis climatiques et démographiques auxquels ils sont confrontés. Les stagiaires qui partiront sur le terrain pourront mettre en exergue un ou plusieurs scénarios de transition envisagés par la ville étudiée :

• La ville durable ?

S’inscrivant dans la prolongation d’un modèle de croissance, la ville durable s’appuie sur une intégration des dimensions sociales, économiques et environnementales, afin d’en limiter les effets négatifs. Il convient d’analyser les initiatives prises dans ce sens afin de questionner si elles permettent d’envisager une véritable transition, ou bien si elles encouragent au contraire la poursuite d’un modèle nuisible pour l’environnement.

• La ville frugale ?

La notion de ville frugale prône la prise de distance vis-à-vis des modèles marchands de la ville, et la généralisation de la sobriété tant du point de vue énergétique, que des modes de consommations. Cette approche, qui semble plus à même d’apporter des réponses effectives aux changements environnementaux, se heurte néanmoins aux aspirations des nouvelles classes moyennes qui s’affirment par centaines de millions dans les villes du Sud et souhaitent bénéficier à leur tour du modèle de bien-être encore largement promu par la culture mainstream occidentale. Aussi, il convient de mettre en avant les initiatives relevant de la ville frugale au regard des dynamiques démographiques de la ville. Dans cette perspective, il apparaît fructueux de s’intéresser notamment aux pratiques traditionnelles qui ont cours dans les villes du Sud, et relèvent de la ville frugale sans pour autant s’en revendiquer explicitement.

• La ville adaptable ?

La réalité du changement climatique n’est plus une lointaine perspective, mais une réalité
déjà bien tangible pour de nombreuses villes, entraînant des déplacements de populations et des catastrophes naturelles qui ne feront que s’accentuer dans les prochaines décennies. Dès maintenant, les villes cherchent à faire face aux nouveaux risques, qui, dans les pays en développement, s’additionnent aux défis démographiques. Si l’adaptation est parfois perçue comme une approche défaitiste de la transition, pour les villes les plus vulnérables face aux changements climatiques, elle constitue une urgence. Il convient donc d’explorer les solutions envisagées et mises en œuvre par les villes face aux conséquences du changement climatique. Il s’agit d’interroger leurs prévisions, leurs réactions, leurs priorités, face à ce nouvel enjeu.

Quelle(s) forme(s) urbaine(s) ? Penser la transition dans l’espace

Tout au long de l’histoire de l’urbanisme, la volonté de proposer des modèles urbains alternatifs en rupture avec les affres de la croissance urbaine, s’est traduit par de multiples expérimentations, aux configurations urbaines diverses, de la ville nouvelle établie à distance des centres urbains existants, au mot d’ordre de ‘faire la ville sur la ville’. Aussi, convient-il de porter notre attention sur la manière dont la transition est pensée dans l’espace. Les étudespourront porter différents types de projets :

  • Nouveaux quartiers d’extension en limite du tissu urbain existant,
  • Villes nouvelles construites à longue distance,
  • Villes pionnières de peuplement dans des zones vierges ou peu peuplées,
  • Villes d’appui existantes à 100 ou 200 kilomètres de la métropole – archipel métropolitaine,
  • Nouveaux quartiers d’habitat dans la ville actuelle ou à sa proche périphérie

  •  Redynamisation du tissu existant… 

Les missions

Chaque mission abordera la transition sous l’angle spécifique du contexte local, tout en fournissant des données permettant une comparaison des différents projets. Pour ce faire, une grille d’analyse est co-produite par Urbanistes Du Monde et Villes & Décroissance. Elle comportera une partie évaluation et une partie prospective et pourra s’appuyer sur les items suivants :

  • Gouvernance
  • Financements
  • Foncier
  • Développement urbain/rural
  • Economique
  • Agriculture et alimentation
  • Biodiversité
  • Energétique, eau, assainissement
  • Consommation et déchets
  • Mobilités
  • Education, vie civique, vivre-ensemble
  • Innovations 

Des exemples du Sud au Nord  

Quelques exemples sont donnés ci-dessous à titre indicatif, mais nous encourageons particulièrement les études portant sur des cas originaux et peu étudiés.

  • Saint Louis, Sénégal – déplacement de population suite à l’augmentation du niveau de la mer…
  • Dar es Salaam, Tanzanie – autosuffisance alimentaire, croissance démographique…
  • Ungersheim, France – conserverie, coopérative agricole…
  • Grande Synthe, France – université populaire, politique d’accueil des migrants…
  • Séoul, Corée du Sud – le programme Energy Welfare pour venir en aide aux familles pauvres, particulièrement touchées par les changements climatiques
  • Curitiba, Brésil – La diminution de l’usage de la voiture par le développement des transports en commun et l’adaptation de l’urba- nisme + programme d’agriculture urbaine qui transforme les espaces vides en jardins et permet la production de 750 tonnes de nourriture par an.
  • Kolkata, Inde – Composteurs et sites d’enfouissements pour réduire les décharges à ciel ouvert générateurs de gaz à effets de serre
  • Trondheim, Norvège – jardins pluviaux qui a permis de réduire de 100% le risque d’inondation.
  • Jinzhong, Chine – Réseau de chauffage urbain centralisé remplaçant 700 petites chaufferies polluantes
  • Saint-Domingue, République dominicaine – Acuabus, une navette fluviale desservant des quartiers enclavés
  • Addis-Abeba, Ethiopie – Trains fonctionnant grâce à des énergies renouvelables.
  • Shenzhen, Chine – système d’échange d’émissions de carbone

 

Les résultats attendus

  • Des études concentrées sur un projet précis, sélectionné et discuté en lien avec le comité de pilotage du projet.
  • Séjour d’un mois sur place d’un binôme d’étudiant.e.s supervisé par un tuteur sénior, et avec l’appui de correspondants locaux.
  • Réalisation d’un rapport.
  • Réalisation d’une grille comparative afin de repérer innovations et bonnes pratiques.
  • Présentation orale lors du forum.
    Synthèse de l’ensemble des missions par Urbanistes du Monde.
  • Publication et diffusion des résultats.

Les organisateurs du forum

Urbanistes Du Monde

Fondée en 2005, l’ONG Urbanistes Du Monde est partie du constat que les villes du Sud, qui accueilleront la plupart de la croissance démographique et économique du monde, font face à des besoins immenses, mais sont également capables de créer des solutions innovantes et de créer la ville de demain. L’ONG s’est donc donnée pour mission de favoriser les échanges et les circulations de savoirs et d’expériences, pour contribuer à une ville plus juste, durable et conviviale.
Chaque année, Urbanistes Du Monde permet à de jeunes urbanistes d’horizons et de nationalités diverses, de partir réaliser des missions d’études dans des villes à travers le monde, appuyés par un urbaniste expérimenté, et par un réseau international de correspondants. Ils en rapportent des retours d’expériences, des idées novatrices, des analyses approfondies. Après avoir traité au cours des 10 dernières années, des sujets aussi divers que la participation de la société civile ou le rôle urbain des gares, Urba- nistes Du Monde aborde cette année une thématique environnementale.

Urbanistes de transition

Urbanistes de transition est une émanation de l’association Villes & Décroissance qui est une initiative étudiante de Sciences Po Paris créée par des étudiant.e.s du master Stratégies Territoriales et Urbaines de l’Ecole Urbaine. Cette initiative a pour vocation d’interroger le paradigme de croissance et de réfléchir à des politiques urbaines alternatives, en créant un espace de réflexion et de débat.

 

Les informations pratiques

Ce stage ne se déroule pas en entreprise et ne fait pas l’objet d’une convention. Il s’agit d’une démarche de recherche, personnelle, encadrée par un référent expérimenté d’Urbanistes du monde et un ou plusieurs partenaires.

Pour entreprendre un stage UdM, il faut être autonome et curieux. Les étudiants partant à l’étranger doivent avoir des connaissances de la langue du pays et de préférence être en binôme. UdM peut offrir une indemnité de 500 € par étudiant. Ce soutien reste à obtenir auprès d’un partenaire. UdT peut également offrir une indemnité, dépendamment les financements obtenus.

Déroulement du stage

Avant de partir (avril – juin) :
Udm accompagne le stagiaire dans la construction de son projet. Pendant les mois qui précèdent le départ sur le terrain, une ou plusieurs réunions d’information et de travail sont proposées. UdT organise plusieurs séances de formation, initiant les étudiant·e·s à certains concepts à prendre en compte pour évaluer la durabilité d’une politique publique (énergie grise, taux de retour énergétique etc…).

Sur place (juin-août):
Le stagiaire effectue une enquête, appuyée par une bibliographie et des entretiens sur le terrain avec des acteurs locaux, des universitaires et des citoyens (un mois sur le terrain minimum).

Au retour (août-octobre):
Les étudiants restituent leurs résultats lors du forum annuel de l’association. Ils préparent deux rendus : un dossier de 10-20 pages hors annexes (incluant une grille) et un support visuel (PPT). Utilisation de la vidéo encouragée.

Intérêt

• Une expérience humaine

• Une immersion à l’étranger

• Un stage reconnu et défrayé

 

Calendrier

• 30 Mars : dépôt des candidatures
• Début Avril : réponses
• Juin-Août : réalisation des missions de terrain et rédaction des rapports

• Octobre : Forum

 

Comment candidater ?

Envoyer son CV et préciser la ville choisie, vos motivations et une ébauche de votre projet (2 à 4 pages sur la manière dont l’équipe aborde la thématique proposée, ainsi que la méthodologie). Vous avez jusqu’au 30 mars 2019 !

Pour les villes du Sud, contacter Urbanistes du Monde à contact@urbanistesdumonde.com.

Pour les villes du Nord, envoyer un mail à Urbanistes de Transition à villes.decroissance@ lilo.org.