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En 2018, le projet annuel d’Urbanistes du monde est dédié aux grands événements, comme instrument de régénération urbaine, et en particulier dans les pays du Sud. Comme chaque année, il s’agit d’organiser des missions d’études dans des villes à travers le monde suivies par un forum annuel pour permettre l’échange d’expériences et de connaissances.
Les grands événements, instruments phares de l’urbanisme et de la gouvernance des villes du XXIe siècle ?
Depuis le XIXe siècle, les grands événements ont représenté un moyen pour les villes de témoigner de leur modernité ainsi qu’un levier pour le développement urbain. Dans le contexte parisien, l’intérêt pour l’attraction des grands événements semble à son comble, car en 2009, un rapport parlementaire promeut une stratégie nationale pour les grands événements. En 2015, la capitale française bénéficie de la signature de l’accord de la COP21, et s’engage dans la candidature pour deux méga-événements d’ici moins d’une décennie. Ce volontarisme pour l’organisation des Jeux Olympiques en 2024 et de l’Expo Universelle en 2025 découle non seulement de la mémoire de la puissance symbolique des grands événements à Paris, mais aussi d’un souhait de donner corps au Grand Paris, de consacrer l’échelle métropolitaine en construction d’un point de vue institutionnel, politique et urbain.
Aujourd’hui, on assiste à un changement de paradigme. Les grands événements se sont multipliés et diversifiés. Mais surtout, ils ont cessé d’être restreints au monde occidental pour s’étendre dans les villes du monde entier. La forte croissance des villes asiatiques, africaines ou encore latino-américaines, en font des laboratoires d’expérimentations et d’innovations. L’année 2010 marque l’avènement des villes du Sud dans l’organisation des méga-événements. Pendant la même année, l’Afrique du Sud organise la coupe du Monde, New Delhi accueille les jeux du Commonwealth, et Shanghai organise l’exposition universelle. Certaines d’entre elles ont mis l’organisation de grands événements au cœur de leur stratégies, à l’instar de Rio qui accommode les jeux panaméricains en 2007, les jeux militaires en 2011, la coupe de la confédération de la FIFA en 2013, la coupe du monde de football en 2014, les Jeux Olympiques et paralympiques en 2016, mais aussi la Copa America en 2019, sans parler des événements politiques et culturels de grande ampleur comme Rio+20 en 2012 et les Journées Mondiales de la Jeunesse en 2013.
Prises dans une logique de compétition, les villes saisissent l’occasion des grands événements pour se transformer. Les organisations internationales qui décident l’attribution de ces compétences, comme le Comité International Olympique ou la FIFA évaluent des projets concurrents. Les villes doivent répondre à des requêtes en termes d’infrastructures : capacité et qualité des infrastructures sportives, efficacité du système de transport, capacités hôtelières adaptées à une clientèle internationale. Elles doivent assurer une ouverture aux médias internationaux, renvoyant une image positive de l’événement, assurer la sécurité. Pour les acteurs urbains, ces grands événements représentent un levier générateur d’impacts économiques, de cohésion. Ils sont aussi l’occasion d’initier ou de légitimer des projets urbains. Comment par les grands événements ces villes entendent faire face aux enjeux qui se posent à elles ? Comment gouverner les villes par les grands événements ?
Quatre enjeux essentiels sont au cœur de la problématique des grands événements :
Un enjeu civique
Les grands événements sont aussi l’occasion de festivités, visant à rendre la ville plus conviviale. Les villes doivent faire face au risque d’un événement exclusivement focalisé sur les téléspectateurs ou les touristes étrangers. Il convient ne pas oublier la question de la place des résidents. Quelles initiatives citoyennes ? Comment les projets urbains qui sont accélérés dans le cadre de ces projets peuvent promouvoir une approche participative ?
Toutefois, en dépit d’un engouement récent, la connaissance sur les grands événements dans les villes du Sud demeure parcellaire. Beaucoup de travaux se restreignent à l’analyse des impacts économiques. Relevons néanmoins le rapport réalisé en 2011 par la fondation Konrad Adenauer qui analyse la durabilité de trois projets de méga-événements en Inde, en Afrique du Sud et au Brésil. Par ailleurs, il y a un manque d’études sur des événements de moindres envergures.
Un enjeu environnemental
Réduire l’empreinte écologique est devenu un défi central de tout projet de grand événement et les villes du monde entier cherchent à adopter des systèmes innovants pour une gestion de l’eau et des déchets plus durable ainsi qu’une minimisation des dépenses d’énergie. Depuis 2000 la durabilité a été mise au cœur des Jeux Olympiques. Grâce à l’initiative One planet olympic de WWF un cahier des charges comprenant 76 objectifs pour des jeux olympiques durables a ainsi été promu. La FIFA a également introduit l’exigence de stades verts à partir de 2018. Dès 2014, Le Brésil a eu à cœur d’intégrer l’exigence de durabilité dans ses infrastructures sportives, en mettant en place notamment le recyclage des matériaux de construction, la réutilisation de l’eau de pluie pour l’arrosage des pelouses, l’énergie solaire pour l’éclairage.
Un enjeu de développement urbain
De nombreuses villes ont utilisé les grands événements pour mettre en place des projets de villes nouvelles, à l’instar de Lusailà Doha, ou de l’île de Yas à Abu Dhabi aménagée à l’occasion de la création d’un circuit de Formule 1. Elles peuvent également en profiter pour régénérer la ville existante comme Pékin qui s’est servi des Jeux Olympiques de 2008 pour réhabiliter la Cité Interdite. Enfin, les grands événements sont l’occasion de changer l’image de la ville, grâce à des opérations de marketing urbain, comme le montre l’esthétisation et la mise en tourisme des favelas de Rio.
Un enjeu d’infrastructure
Les grands événements sont l’occasion de la construction d’infrastructures sportives, de l’amélioration du réseau de transport, de la création de nouveaux aéroports et de l’augmentation des capacités hôtelières. En vue de l’organisation de la coupe du monde de football, le Qatar va ainsi affecter 160 Milliards de dollars, dont 130 dans la construction de stades et les infrastructures de transports. Cet Emirat ambitieux a également utilisé sa stratégie de grands événements pour démontrer de sa capacité d’innovation, en mettant en place des stades démontables pour être installés dans des pays en développement à la suite de l’événement.
Les missions d’études dans les villes organisatrices de grands événements
Chaque mission abordera les grands événements sous un angle spécifique tout en fournissant des données permettant une comparaison des différents projets. Ils pourront parcourir les projets en cours en s’intéressant à la gouvernance de grands événements à venir ou étudier l’impact de grands événements passés. Ils pourront se pencher sur les projets de régénération urbaine, de villes nouvelles qui ont accompagné ces grands événements, ou bien sur la manière dont ces villes ont cherché à mettre en œuvre des moyens innovants pour des événements durables. Ils pourront s’intéresser aux « méga-événements » : les Jeux Olympiques, les Expositions universelles, les Coupes du monde de la FIFA. Mais ils pourront également aborder des grands événements moins connus mais représentant pourtant d’importantes sources d’inspiration.
Différents types d’événements sont envisageables. Les événements sportifs : JO d’hiver, d’été, JO des jeunes, Masters game, Jeux méditerranéens, etc… Championnats du monde : athlétisme, formule 1, Basket-ball, Rugby, etc… Les Exposition (Expos universelles : tous les 5 ans, Expos internationales : 2-3 ans). Mais aussi des événements de moindre envergure, des salons, forums (forum mondial de l’eau, salon du livre, salon de l’agriculture, …), ou encore des événements culturels (Capitale de la culture, festival de cinéma, de théâtre, de danse, de musique, biennales d’art ou d’architecture, commémorations)
Exemples d’événements sportifs et de villes désignées
Jeux du Commonwealth
- 1998 : Kuala Lumpur
- 2006 : Melbourne
- 2010 : Delhi
- 2018 : Gold Coast (Australie)
- 2022 : Durban
Jeux Africains
- 1999 : Johannesburg
- 2003 : Abuja
- 2007 : Alger
- 2011 : Maputo
- 2015 : Brazzaville
- 2019 : Lusaka
Jeux Asiatiques :
- 2002 : Busan
- 2006 : Doha
- 2010 : Guangzhou
- 2014 : Incheon (Corée)
Jeux Asiatiques
- 2002 : Busan
- 2006 : Doha
- 2010 : Guangzhou
- 2014 : Incheon (Corée)
Jeux Militaires Mondiaux
- 2007 : Hayderabad
- 2011 : Rio
- 2015 : Mung Yeong (Corée)
- 2017 : Sochi (Hivers)
- 2019 : Wuhan (Chine)
Jeux Panarabes
- 2004 : Alger
- 2007 : Le Caire
- 2011 : Doha
Jeux D’Asie du Sud Est
- 2005 – 2019 : Manille
- 2007 : Nakhon Ratchasima (Thailand)
- 2009 : Vientiane (Laos)
- 2011 : Palembang et Djakarta
- 2013 : Naypyiadaw, Myanmar
Formule 1: insertion de nouveaux circuits
- 1999 : Kuala Lumpur
- 2004 : Turquie
- 2005 : Chine
- 2009-16 : Abu Dhabi
Jeux de la Francophonie
- 2005 : Niamey (Niger)
- 2009 : Beyrouth
- 2017 : Abidjan
Les missions pourront également porter non pas sur un seul grand événement, mais sur une stratégie de grands événements portée à l’échelle d’un pays ou d’une ville. On peut évoquer quelques exemples saillants. La Corée fait preuve d’un fort volontarisme, notamment depuis les JO de 1988, qui ont été contemporains de l’affirmation économique du pays et lui a permis de s’affirmer également internationalement. D’autres grands événements ont été organisés : championnats du monde d’Athlétisme (2011), Jeux asiatiques (2014), festival annuel du cinéma de Busan. La Nouvelle Zélande a une politique volontariste pour les grands événements : Winter games en 2009, Championnat du monde paralympique d’athlétisme en 2010, Coupe du monde de Rugby en 2011, coupe du monde de Cricket en 2015. Le Mexique est également très actif grâce au FONATUR, une structure rassemblant divers acteurs et allouant des garanties publiques. Le pays se positionne notamment dans l’organisation de grandes conférences internationales : le forum de l’eau en 2006, le forum universel des cultures en 2007, la conférence internationale sur le SIDA en 2008, la journée mondiale de l’environnement en 2009, le 7e congrès mondial des chambres de commerces en 2011.
Proposition de grille
Comme chaque année, nous partons d’une grille commune afin de pouvoir dégager des comparaisons et des connexions entre les projets de grands événements à travers le monde. Les propositions doivent se positionner selon les volets suivants :
Volet infrastructure
- Évolution des capacités des infrastructures sportives (avant-après l’événement)
- Évolution des capacités hôtelières (avant-après l’événement
- Transformations du réseau de transport en commun, routier, aéroports
Volet gouvernance
- Porteur du projet, parties prenantes, appui d’expert
- Gestion de la communication locale et internationale
- Gestion de la sécurité
Volet développement urbain
- Création de villes nouvelles ?
- Réhabilitation de zones urbaines historiques ?
- Régénération urbaine ?
- Marketing urbain
Volet environnement
- Gestion de l’eau
- Gestion des déchets
- Economies d’énergie
Volet civique
- Festivités, convivialité
- Gouvernance pluraliste (implication des acteurs locaux, de la société civile…)
- Implication des habitants
Volet succès/défaite
- Analyse d’un succès réputé : en quoi a consisté le succès et comment a été-t-il construit, les éventuelles faiblesses et comment ont été annihilées, choix bénéfiques, choix moins inspirés etc.
- Analyse d’une défaite lamentable : quel a été le principal problème à la base de l’échec et comment a-t-il évolué, les éventuels choix inspirés qui auraient pu sauver la situation etc.
Volet prospective / vision
- Analyse comparative du projet initial d’un événement et de sa mise en place et résultats avec une concentration sur l’utilisation prévue pour le site et les éléments développés pendant l’événement et l’emploi effectif donnée ultérieurement
- Impact prévu / impact réel – aspects positifs et négatifs
Résultats attendus
Dimension technique
- Des études concentrées sur une thématique précise, sélectionnée et discutée en lien avec le comité de pilotage du projet
- Séjour d’un mois sur place d’un stagiaire junior supervisé par un tuteur sénior, et avec l’appui de correspondants locaux
- Réalisation d’un rapport
- Réalisation d’une grille comparative afin de repérer innovations et bonnes pratiques
Dimension d’engagement citoyen
Chaque étude pourra faire l’objet d’un projet visant à partager les expériences étrangères avec les citoyens du Grand Paris impliqués ou potentiellement affectés par les grands événements à venir (Par exemple une exposition photo, une publication dédié, un webdoc, des interventions dans les lieux qui vont accueillir l’expo ou les JO)
Calendrier prévisionnel
6 Février – 16 Mars : Appel à Candidature
16 Mars – 25 Mars : Sélection des candidats
Avril – Mai – Juin : Préparation des missions
Juin – Juillet – Août : Réalisation des missions
Août – Septembre : Remise des rapports
Septembre – Octobre : Forum
Octobre – Novembre – Décembre : Valorisation auprès du grand public
Attention: Pour vous portez candidats vous devez obligatoirement être adhérents de l’association !
Pour devenir adhérents vous pouvez suivre ce lien: https://www.urbanistesdumonde.com/nous-rejoindre/
Candidatures : contact@urbanistesdumonde.com