Contexte
L’écosystème planétaire est déréglé avec un réchauffement climatique en cours, une raréfaction des ressources et une forte érosion de la biodiversité, et ce donc dans une logique de sollicitation croissante induite par les évolutions démographiques. Or, ce sont notamment les services écosystémiques qui garantissent la santé des populations dans son acception la plus large : « un état de complet bien-être physique, mental et social, (ne consistant) pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » (OMS, juin 1946).
Les crises de tous ordres, dont environnementales, mettent les populations en mouvement de manière locale, régionale ou transfrontalière. Les flux vers les villes deviennent de fait toujours plus importants, nécessitant aux organisations locales et nationales d’apporter des réponses. Face à cette double urgence, le but de ce projet est de questionner ce que peuvent faire les villes, d’éclairer les possibles modèles de transition, tant du point de vue social, que du point de la forme urbaine.
Problématiques et axes de réflexion
Quelle(s) transition(s) ? Explorer des modèles sociaux, économiques, politiques et culturels alternatifs
Le vocable de transition a émergé dans le contexte de la conférence Rio+20, deux décennies donc après que la conférence de Rio ait mis à l’agenda urbain global l’impératif d’un développement durable. La notion de transition comporte une vision plus radicale, laissant entrevoir la nécessité d’un changement de modèle urbain. Les villes en transition s’interrogent sur l’interdépendance qu’elles entretiennent avec leur environnement dans un contexte de mutation démographique, de changement climatique, de fragilisation des ressources et d’érosion de la biodiversité. Elles sont amenées à repenser leurs politiques et pratiques locales, en s’appuyant sur la population.
Cependant, la notion de transition laisse place à de multiples interprétations et approches distinctes. Les enquêtes de terrain s’attacheront donc à mettre au jour la manière dont les acteurs urbains envisagent leur transition, au vu des défis climatiques et démographiques auxquels ils sont confrontés. Les stagiaires qui partiront sur le terrain pourront mettre en exergue un ou plusieurs scénarios de transition envisagés par la ville étudiée :
• La ville durable ?
S’inscrivant dans la prolongation d’un modèle de croissance, la ville durable s’appuie sur une intégration des dimensions sociales, économiques et environnementales, afin d’en limiter les effets négatifs. Il convient d’analyser les initiatives prises dans ce sens afin de questionner si elles permettent d’envisager une véritable transition, ou bien si elles encouragent au contraire la poursuite d’un modèle nuisible pour l’environnement.
• La ville frugale ?
La notion de ville frugale prône la prise de distance vis-à-vis des modèles marchands de la ville, et la généralisation de la sobriété tant du point de vue énergétique, que des modes de consommations. Cette approche, qui semble plus à même d’apporter des réponses effectives aux changements environnementaux, se heurte néanmoins aux aspirations des nouvelles classes moyennes qui s’affirment par centaines de millions dans les villes du Sud et souhaitent bénéficier à leur tour du modèle de bien-être encore largement promu par la culture mainstream occidentale. Aussi, il convient de mettre les initiatives relevant de la ville frugale au regard des dynamiques démographiques de la ville. Dans cette perspective, il apparaît fructueux de s’intéresser notamment aux pratiques traditionnelles qui ont cours dans les villes du Sud, et relèvent de la ville frugale sans pour autant s’en revendiquer explicitement.
• La ville adaptable ?
La réalité du changement climatique n’est plus une lointaine perspective, mais une réalité déjà bien tangible pour de nombreuses villes, entraînant des déplacements de populations et des catastrophes naturelles qui ne feront que s’accentuer dans les prochaines décennies. Dès maintenant, les villes cherchent à faire face aux nouveaux risques, qui, dans les pays en développement, s’additionnent aux défis démographiques. Si l’adaptation est parfois perçue comme une approche défaitiste de la transition, pour les villes les plus vulnérables face aux changements climatiques, elle constitue une urgence. Il convient donc d’explorer les solutions envisagées et mises en oeuvre par les villes face aux conséquences du changement climatique. Il s’agit d’interroger leurs prévisions, leurs réactions, leurs priorités, face à ce nouvel enjeu.
Quelle(s) forme(s) urbaine(s) ? Penser la transition dans l’espace
Tout au long de l’histoire de l’urbanisme, la volonté de proposer des modèles urbains alternatifs en rupture avec les affres de la croissance urbaine, s’est traduit par de multiples expérimentations, aux configurations urbaines diverses, de la ville nouvelle établie à distance des centres urbains existants, au mot d’ordre de ‘faire la ville sur la ville’. Aussi, convient-il de porter notre attention sur la manière dont la transition est pensée dans l’espace. Les études pourront porter différents types de projets :
• Nouveaux quartiers d’extension en limite du tissu urbain existant
• Villes nouvelles construites à longue distance
• Villes pionnières de peuplement dans des zones vierges ou peu peuplées
• Villes d’appui existantes à 100 ou 200 kilomètres de la métropole – archipel métropolitaine
• Nouveaux quartiers d’habitat dans la ville actuelle ou à sa proche périphérie
• Redynamisation du tissu existant…
Les sujets


Pour plus d’informations
Livret UdM du Forum 2019
LES 8 RAPPORTS ET PRÉSENTATIONS DU FORUM 2019
Mascarenhas L., Moukila S. et Sarambounou M. (2019), Le delta du Nil face au réchauffement climatique : une étude de la résilience face à la montée des eaux dans la ville d’Alexandrie. (Prix du Public pour la présentation)
Rapport Alexandrie (Égypte)
Présentation Alexandrie (Égypte)
Audureau I. et Guillaume L. (2019), Initiatives citoyennes face à la crise des déchets à Beyrouth, ébauche de nouveaux urbanismes de transition.
Rapport Beyrouth (Liban)
Présentation Beyrouth (Liban)
Lemercier E. (2019), Une approche de la fabrique urbaine participative dans les Suds : Cas d’étude à Bucaramanga, Colombie.
Rapport Bucaramanga (Colombie)
Présentation Bucaramanga (Colombie)
Lamenca T. et Simon M. (2019), Le JAL, Trajectoire d’une transition dans un « coin de pays » en décroissance.
Rapport JAL (Canada)
Présentation JAL (Canada)
Ferrat-Soares A. et Jourdan C. (2019), Urgences démographiques et urgences écologiques : le cas du Ksar de Tafilelt Tadjidt, province de Ghardaïa, Algérie. (Prix de l’AIMF)
Rapport Ksar Tafilelt (Algérie)
Présentation Ksar Tafilelt (Algérie)
Ebeling B. et Giorda M. (2019), La marginalité et le droit au «Bien Vivir» dans le contexte de la transition vers l’agriculture urbaine à Quito.
Rapport Quito (Équateur)
Présentation Quito (Équateur)
Da Cruz C. et Gomes L. (2019), Vers une agriculture urbaine durable, circulaire et résiliente à São Paulo ? Le programme «Ligue os Pontos» (Prix d’Urbanistes du Monde pour le rapport)
Rapport São Paulo (Brésil)